Juillet 2021

Début juillet : l’après

Début juillet : l’après

Honnêtement je ne peux pas vous dire quel jour nous sommes précisément. J’évolue dans un univers à part. Ici je suis entourée de ma famille. Il y a maman, titounet, grand frère, mamy et tatie. Rien d’autre n’existe que ce lien qui nous uni. Je ne saurais l’expliquer. Seul compte ces moments que nous vivons à présent.

L’empreinte de papa est omniprésente. C’est comme s’il était juste parti en voyage et qu’il allait rentrer à n’importe quel instant. je n’ai pas envie de me mélanger à la population, ni de lire les messages de condoléances ou de soutien que je reçois sur mon portable. J’ai coupé le lien avec ce monde là. Y répondre signifierait qu’ils ont raison et que c’est vraiment arrivé. Pour le moment, je ne peux m’y résoudre. Parfois j’ai juste simplement envie de fermer les yeux, m’endormir et de ne plus me réveiller tellement la douleur est intense quand j’y pense. Alors j’occulte tout ça. Du moins en apparence. Bienveillante est en sourdine aussi. Je ne veux entendre personne me dicter ce que je dois faire ou penser. J’ai besoin de temps.

Ici j’aide maman comme je peux. J’aime être avec elle. A ses côtés ma douleur s’atténue et je vais mieux. Les papiers sont une vraie calamité. Comment peut-on encore de nos jours être confronter à autant de démarches administratives, d’angoisse et de stress à supporter, alors que la seule chose que l’on voudrait c’est être tranquille. Mais non, nous avons une superbe organisation en France alors au lieu de ça, on passe des heures au téléphone, sans jamais avoir le même interlocuteur, on essaie de comprendre ce qu’il faut faire, de penser à tout. On est noyé dans une masse d’information qui évolue au fil des appels. Parfois les nerfs lâchent alors on peut partir en fous rires comme en crise de larmes. Le seul avantage que je constate à présent dans le décès de papa, c’est que j’ai compris l’importance d’être à jour dans ses papiers de mutuelle et d’assurances. Croyez-moi, un gros tri s’imposera quand je déciderai de rentrer chez moi.

Le fait d’être en famille proche aide à surmonter la peine. Du moins pour ma part. On reste soudé quoiqu’il arrive. Alors quand vient le soir, vive les jeux de société pour relâcher la pression et rigoler un bon coup. J’avoue que les apéros sont devenus assez quotidien et oui, je crois en avoir un peu abusé par moment. Est-ce grave en soi? De mon point de vue je m’en tamponne le coquillart avec une queue de crocodile en plastique. Rien n’a vraiment d’importance pour le moment. Je connais mes limites quand même, et je n’ai pas l’intention de faire dans l’outrance malgré tout.

Chacun évolue comme il peut. Pour ma part, je dépense également plus que je ne le devrai. Que ce soit dans cette superbe carafe pour faire des eaux infusées, dans cet appareil de massage à vibration (qui je le sais restera plus longtemps dans le placard qu’en action), ce cuit oeufs vapeur (en plus en promo à 4€ chez Aldi!), de ce panel de farines que je promets de tester pour élaborer différentes quiches ou pâtes à pain. Tout est fait pour combler un manque qui ne peut être comblé. Occuper son esprit pour ne pas penser. D’un seul coup, j’ai envie de tester plein de choses comme si j’ai désormais connaissance que le temps est compté. Mais faut pas se voiler la face, c’est mon état actuel et je sais qu’il va encore varié énormément.

Je dors avec maman. Au départ j’avais peur, après tout, c’est la place de papa. Mais j’ai encore plus peur de dormir toute seule. D’être confrontée à mes propres pensées et de m’y noyer. J’ai en tête les derniers instants de vie de papa. Malgré tous mes efforts, je n’arrive pas à effacer cette détresse qu’il avait dans les yeux lorsqu’on l’a amené à l’hôpital pour la dernière fois. D’autres images me parviennent et je n’arrive pas à m’en défaire. Mon esprit reste pour le moment focaliser sur ces instants alors que je préférais qu’il me montrent les images des jours heureux. Mais on ne contrôle pas tout ça. Alors dormir avec maman me réconforte. Je suis dans mon petit cocon et même si on ne parle pas forcément (oui oui cela nous arrive), on se comprend.

Au fil que les jours passent je dois reconnaitre que mon médecin avait raison. Les douleurs dans les trapèzes s’estompent. Honnêtement, j’aurai préféré souffrir mille fois plus si cela avait permis à papa de rester en vie. Mais l’angoisse commence à me quitter lentement et ma mobilité revient doucement. Comme quoi le corps a sa propre façon de réagir et on ne peut contrôler son subconscient.

Pour m’aider la nuit, j’ai repris mes anxiolytiques et je suis très assidue à mon application « Calm » qui m’aide à faire de la méditation. Là encore, je ne pense pas être réceptive à la méditation à promptement parler, mais le fait de me focaliser sur une voix et de la musique douce m’occulte du reste. Et même si je dors peu, au moins je dors quand même pour que le corps puisse récupérer un minimum. Autant dire que sur le visage, les cernes ont pris leur quartier et on bien l’intention de squatter un temps certain.

Tous les matins c’est un peu le même rituel. Après le petit déjeuner en famille, le moment de la douche arrive. Et comme à chaque fois, je pleure. C’est le seul moment que je m’accorde pour évacuer. Pourquoi? Je ne sais pas, c’est comme ça. Derrière la porte close, à l’abri des regards, je peux extérioriser sans rajouter de la peine aux autres. Une fois les larmes épuisées, ça va mieux et je repars pour la journée.

Je me suis accrochée au sport. J’ai repris mes deux défis avec Lucile Woodward et Sissy Mua. Cette « souffrance » là me sied bien. Ici je contrôle mon cours (ou du moins je fais ce que je peux hein), j’aime sentir mes muscles travailler, la sueur couler. C’est la preuve que je suis toujours vivante et que je continue à me battre sans forcément m’en rendre compte.

Je sais qu’à un moment donné je vais devoir retourner chez moi. Mais pour le moment je ne peux pas. Je veux aider maman le plus possible. Je veux profiter de ma mamy et de ma tatie le plus possible. Je n’aurai jamais passer autant de temps avec qu’elles. J’ai appris à les connaître plus intensément et je dois dire que l’on se pique de sacré fous rires. Finalement ce n’est pas faux, on trouve toujours du positif dans chaque situation, même la plus terrible. C’est juste tellement dommage qu’il faille en arriver là pour en prendre conscience.

Il y a eu une vie avant papa. Il paraît qu’il y en aura une autre après lui. Pour le moment je suis en pause. Je ne veux pas penser à l’après, je ne veux pas partir, je ne veux pas reprendre ma vie sans lui. Je veux juste l’impossible…

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