22 septembre : Les montagnes russes
Mardi, 6H15 j’ouvre les yeux. Wouahouh je viens de faire une nuit de malade. Ça faisait longtemps que je n’avais pas dormi comme ça. Du coup pas d’excuse pour ne pas relever mon challenge ce matin. Oui grand moment d’émotion en perspective. Du coup pas de renfo, je me préserve ucar je sais déjà que je vais ramasser.
6H50, lèteucego. Dernier bisous à chérinou, encouragement de sa part et en route vers le lieu de souffrance euuuuh de course pardon.
L’avantage de courir sur base c’est que l’on est tranquille point de vue circulation. Durant le trajet en voiture, je visualise déjà à peu près mon parcours. Je ferai donc celui du cross de 8KM puis je déambulerai un peu par ci par là. Plus je m’approche de la base et moins je suis confiante. Il pleut sur la route, ça commence bien…
7H50, le moment du grand départ est arrivé. J’active ma montre et le temps que le GPS se connecte, je lance une playlist de deezer spéciale “pour courir”. Au moins les rythmes seront entraînants. Ma montre vibre, elle est prête à partir. Est ce que moi je le suis? Pas vraiment. Allez, entrons dans l’aventure….
Au début, je cherche un peu ma cadence, je ne veux pas aller trop vite. On a facilement tendance à s’emporter au son des musiques mouvementées. Économise toi ma biche, il te reste encore 9,7km…
Le premier kilomètre arrive, je suis dans mon effort c’est bon. j’ai la posture, omoplates serrées derrière le dos, ventre rentré, la tête haute et le sourire aux lèvres. Je croise quelques personnes, je dis bonjour avec un grand sourire. Certains sont déstabilisés, normal une licorne dans mon genre on en croise pas tous les jours.
J’entame mon 3ème kilomètre. Puuuu******** de montée de sa grand mémé!!!! Vous connaissez la fameuse ligne droite que vous voyez, qui monte doucement mais sûrement, et qu’on a l’impression que l’on va jamais réussir à aller jusqu’au bout… Et bien elle est bien là la poufalope. Comme dirait Lucile, quand tu commences à t’égarer, reconcentre toi sur ta respiration. Ok je le fais. J’inspire… Expire sur deux foulées.. Je recommence… Ne pas m’égarer dans mes pensées, il me reste encore un peu moins de 7km. Madre de dios, dit comme ça c’est énoooooorme.
32min et 4km plus tard, je suis toujours en train d’essayer de ne pas penser à ce qu’il me reste encore à parcourir.Qquand le petit coup de mou pointe le bout de son nez, hop je prends mon téléphone et lis les messages d’encouragements de la team BBL. Mon sourire revient, go ma biche ton équipe est derrière et toi.
Le 6km est là. C’est bon maintenant tu es plus proche de la fin que du début. J’ai l’impression de vivre une aventure de ouf alors que pour certain cette distance n’est qu’une broutille. Mais ça va je le vis bien. Même quand je me fais dépasser par deux femmes qui ont bien 20 ans de plus que moi et surtout qui ont l’air bien plus fraîches que moi.
J’entre dans le parcours de santé. Allez, un tour complet et quand tu en sors plus que 3km à faire. Jee commence à fatiguer un peu. Je pense qu’il y a une grande partie psychologique aussi. Hop hop hop, on se refocalise sur sa posture. Pieds, genou, périné, dos, épaules, tête, mental.
Le début du 7ème km est là. Oui le mental va commencer à entrer en jeu. Moins de 3km maintenant avant le but ultime. Un pied devant l’autre, continue ma ptite. Si tu dois penser, penses à cette satisfaction quand tu arrêteras le chrono et que tu verras la distance s’afficher. Penses à cette belle victoire que tu as à porter de main, cette revanche à toi-même. J’admire le paysage, me concentre sur la musique, j’essaie d’oublier les ampoules qui commencent à se former sous la plante du pied.
8km. plus que 2 petits riquiqui, minuscules, tout petit rien du tout de kilomètres à faire. Les ampoules sont définitivement là et moi je me demande encore pourquoi je me suis lancée dans ce défi. Par moment faut que j’arrête de m’écouter hein. A quoi ça sert de courir et de s’infliger ça sérieux. J’ai envie de tout stopper. De toute manière personne ne le saura non? Bienveillante intervient “Si toi! et tu auras les boules… tu en es déjà à plus d’heure de course, encore quelques minutes et c’est fini. tu t’imagines?? plus d’une heure que tu as commencé et que malgré tes ruminations tu es toujours là. Oui tu as une allure de tortue à sa vitesse de croisière, oui tu commences à ressentir tes jambes, oui tu es aussi rouge qu’une pivoine, mais tu es là et tu tiens bon. Alors respires, accroche toi, tu vas réussir”. Petit coup d’œil une nouvelle fois au téléphone et quand je vois tous les encouragements mon coeur fond à nouveau. Non je ne veux pas décevoir la team. Oui je peux le faire et je vais le faire.
Dernier kilomètre. Ça yest j’y suis. Moins de 900 mètres maintenant. J’ai les jambes lourdes, ça picote grave. 800 mètres. Putain de bordel de salopette de mes deux. 700 mètres. Allez ma licorne on est avec toiiiiii, on est tous derrière toi continues!!! 600 mètres. j’ai pas mal, j’ai pas mal, je ne suis que joie et amour. 500 mètres. Si j’atteins le bâtiment là-bas, je franchis la ligne d’arrivée. 400 mètres. Qui a déplacé le Bâtiment??????!!!!! il est trop près là je vais devoir encore continuer… 300 mètres. T’es sûre que le gps de la montre fonctionne? je suis certaine qu’il reste moins que ça. 200 mètres. “Excusez moi madame, vous savez dans quelle direction c’est le cinéma base?” Il est sérieux le gars?? il voit pas que je suis au bout de ma vie là et surtout que je suis occupé? ça m’apprendra à sourire…. 100 mètres. Le grall me tend les bras. J’ai envie d’accélérer un peu mais je n’y arrive pas, mes jambes ne veulent plus répondre mais pourtant elles ne me lâchent pas. Les derniers mètres arrivent et je pousse un grand soupir de soulagement.
Ma montre vibre. Enfin. J’ai réussi. Je l’arrête et mes pieds suivent le mouvement. Tout tremble, je marche mais c’est un peu hésitant. Punaise, je viens de faire 10km. Ok j’ai mis 1H20 mais je l’ai fait. Puis la joie apparaît et enfin l’émotion prend le dessus. Je rigole et pleure en même temps. Non de diou c’est fait!!! Un an que je n’avais pas couru autant, que j’avais abandonné l’idée et ne croyais plus en moi. Un an de galère à relever la tête et à me reprendre en main. Je rigole toute seule, les gens peuvent me prendre pour une folle je m’en fiche. Là, à cet instant je suis heureuse d’avoir réussi à me surpasser. Je remercie mon corps de m’avoir supporté et d’être présent à chaque fois que je le sollicite, je remercie je ne sais qui pour le fait que oui je suis en bonne santé (malgré les prochaines courbatures à prévoir), je remercie la vie tout simplement. Oui, à cet instant j’ai l’impression que tout est possible, le dépassement de soi vaut la peine d’être vécu, même si ce n’est jamais simple à affronter. Notre corps est capable de bien plus qu’on ne le croit, il faut simplement l’aider et surtout croire en lui. Maintenant je sais que je peux, ne reste plus qu’à faire mieux. Mais pas de stress, je le fais pour moi parce que j’en ai envie et surtout ça prendra le temps que ça prendra.
Je reviens donc au bureau bourrée de bonne humeur. Laquelle s’estompera au fur et à mesure que la journée passe. Les demandes s’enchaînent, les coups de fils pleuvent, les gens défilent dans le bureau pour des questions à deux francs six sous. J’en ai plein la tête et une fois de plus je pars en ayant fait une bonne heure de rab. Je perds un temps fou dans les bouchons et rentre complètement vidée à la maison.
Autant dire que ce soir je ne vais pas faire long feu. Je sens déjà les premiers signes de courbatures. Je ne sais pas dans quel état je vais me lever demain mais ça va être folklo.
21H30, je suis couchée, un peu d’ASMR et je plonge dans un grand sommeil réparateur.
N’hésite pas à t’inscrire par ici (si ce n’est pas déjà fait), si tu veux être au courant des derniers articles publiés.
Et viens faire également la connaissance de Gisèle, ma licorne, sur insta ! Je suis certaine qu’elle te plaira 😁