Je ne sais pas par où commencer. Cela fait tellement longtemps que je n’ai pas écrit. J’aime ça mais je me suis laissée déborder et engloutir par le temps. Dans ma tête j’en ai fait des articles mais les pages sont pourtant restées blanches sur l’ordinateur. C’est le chaos dans mon ciboulot, mes émotions font les montagnes russes, parfois je sais où je vais et juste après je me trouve une nouvelle fois perdue. Mais aujourd’hui, j’avais besoin d’écrire…
Déjà quatre mois ont passé depuis la première fois où j’ai tenu ce petit être dans mes bras. Si fragile et si fort à la fois. C’est fou ce que le vie peut nous réserver. Moi l’ancienne parisienne, militaire, indépendante, n’arrivant pas à trouver de relation sérieuse, férue des sorties, de concerts, de pièces de théâtre et restaurants en tout genre… Celle qui voyageait à droite à gauche, les weekends festifs entre amis, les retards accumulées grâce à la SNCF… La vie de l’insouciance et de l’égoïsme de ne penser qu’à soi-même et à son propre bonheur, ne pas avoir peur du lendemain et vivre sans angoisses majeures. Cette vie à 200 à l’heure où je me sentais invincible. 8 ans plus tard, Je suis désormais une fille des champs, j’habite à la campagne, je partage ma vie avec chérinou, je ne suis plus militaire, j’ai trois chiens et cinq poules et désormais, j’ai en plus la responsabilité de faire en sorte que la vie de ce bout de chou devienne la meilleure qu’il soit. Je suis engloutie par l’angoisse.
Il y a des jours où tout va bien. J’ai la volonté, je me dis que je gère comme une déesse, j’arrive à m’accorder du temps pour mon sport, faire mon boulot en télétravail, m’occuper de bébé et tenir une maison (relativement) propre. Puis il y a ces autres jours où je me sens complètement dépassée, démotivée, l’impression de ne réussir rien de bien. Je me sens parfois vide, de ne plus être moi même, de vivre pour les habitants de la maison et faire en sorte que leur vie soit belle. Je m’oublie, je ne fais plus de moi ma priorité.
Oui, il y a ces matins où je remets tout en question. J’ai peur de cette routine qui s’est installée, de ces journées qui se répètent et se ressemblent. J’ai l’impression de stagner et de m’enliser. Se lever, faire son sport, s’occuper de bébé, savoir si je le mets dans le transat, sur son tapis d’éveil ou dans son parc. Changer les couches, donner le biberon, faire des lessives, préparer les repas, jouer avec lui, me demander s’il est vraiment heureux. Se sentir désarmée lors de ses cris de détresse sans raison, culpabiliser quand il a des plaques rouge sur le corps, se demander sans cesse si on fait les bons gestes ou non. Me poser la question si je suis vraiment faite pour ça.
Pourtant mon cœur déborde d’amour quand mes yeux rencontrent les siens, quand il me regarde si intensément avec ce sourire sincère, quand je l’entends rire parce que je lui fais des chatouilles. Je ne me lasse pas de le regarder, l’écouter babiller ou faire ses vocalises, admirer ces mimiques si attendrissantes quand il découvre le monde, m’apercevoir de sa bouille de fripouille quand, après un chagrin, je le prends dans les bras et qu’il sourit… Je ne pensais pas qu’un jour je serai gaga à admirer des petites mains potelées et des petits pieds si mignons. J’ai envie de lui faire continuellement des bisous sur ces joues rebondies et quand vient leur du coucher, j’ai toujours un petit pincement au cœur quand je dois me séparer de lui, comme si je ne l’avais pas assez tenu dans mes bras et embrassé. Je culpabilise de le laisser seul quand je dois travailler alors que je suis dans la pièce d’à côté, de ne pas passer assez autant de temps avec lui pour qu’il s’épanouisse pleinement. J’ai peur du temps qui passe si vite et qu’il grandisse sans que je m’en aperçoive. Oui, je suis bien devenue une maman… Et parfois ça me fait peur.
Bien sûre que je pense à ma vie d’avant. Quand je revois certaines photos j’ai l’impression de regarder une étrangère. Je relis mes écrits d’autrefois. J’en ris, je me kiffe. Je me dis que j’avais un sacré style d’écriture, que j’en ai fait des choses pour en arriver là. Parfois je me demande même comment j’ai pu écrire tout ça. C’est ma vie et pourtant j’ai le sentiment de lire celle d’une autre personne.
C’est vrai ce que l’on dit. Il y a une vie avant et après un enfant. Mais elles sont incomparables. Est-ce que je regrette? Non. Je suis simplement remplie de doutes mais qui ne le serait pas. On ne s’improvise pas parent. Y’a pas de mode d’emploi, on apprend sur le tas et voilà. Les premiers mois sont vraiment galères. On va pas se mentir, ce sont pas les plus intéressants. Bébé ne fait que dormir et manger. On vit à son rythme, on est fatigué et plein d’incertitudes. Pourtant on est sous le charme de ce visage qui évolue au fil des jours. De l’éveil qui apparaît de plus en plus. De cette peau douce qu’on aime caresser. De ce petit corps tout chaud qu’on aime serrer dans ses bras. Le temps passe vite sans qu’il passe. Les journées sont longues et rapides à la fois. J’ai envie de le voir grandir mais je regrette déjà sa période de nourrisson quand je pouvais le blottir contre moi et qu’il ne bougeait plus, comme apaiser et en sécurité près de mon coeur.
Je fais comme si tout allait bien. Mon apparence est sereine, je ne montre ni mes peurs, ni mes doutes. Alors qui pourrait s’imaginer que par moment je suis en train de me noyer intérieurement?
Il y a la chute des hormones, des cheveux, de la peau… C’est compliqué de se regarder à nouveau dans le miroir. Moi qui me plaignais de mes boubous… Si j’avais su… Tant de séances de sport à se muscler et se raffermir pour aimer son corps. Tant d’efforts. En neuf mois, repartir de plus bas que zéro. Oui ces vergetures sont signes que le corps a abrité une vie. Cette peau molle et d’orange aussi. Mais cela ne change rien au fait que c’est désormais là. J’ai également repris du poids après avoir accoucher…. Une hérésie. Oui c’est ma faute, je me suis laissée allée. Pendant neuf mois j’ai assuré comme une bête et après c’est totalement parti en cacahuètes. Le relâchement complet. De toute manière ce qui est fait est fait.
Je sais, mes pensées sont confuses. Je lâche ici un peu de tout comme ça vient.
Je pense énormément à mon père. Je rêve souvent de lui. Mon coeur est meurtri depuis son départ et le fait qu’il ne connaîtra jamais son petit fils rend les choses dures. Mais au fond je sais qu’il sait. Je me persuade qu’il est pas loin et qu’il surveille, comme un ange gardien. C’est comme ça, c’est la vie. Valentin a fait la connaissance de ses mamy, son papy, arrière grand mère, grande tante, grande cousine, tantes etc… Et ce sont toujours de beaux moments qui resteront gravés.
Ma vie d’avant me manque t’elle? Oui et non. J’étais heureuse, je le suis toujours, mais différemment. L’arrivée d’un enfant bouleverse énormément de choses, c’est un tsunami. Ca provoque des séismes dans la vie pro, perso, de couple, d’amis… Ca demande plus d’adaptation qu’on ne le soupçonnait, de nouvelles habitudes à adopter qui n’étaient pas du tout envisagées au départ. Ca change la façon de penser, de voir, de réfléchir, de vivre.
J’avais des envies, des rêves, des projets personnels. J’ai tout arrêté. Je n’arrive plus à me concentrer, j’ai perdu la motivation. Je me dis que je n’ai pas le temps. Je me trouve des excuses. Je ne me concentre pour le moment que sur l’essentiel pour sortir la tête de l’eau. C’est passager. Enfin je l’espère. Je voudrai retrouver cette détermination que j’ai mis si longtemps à acquérir, redevenir moi, entièrement. Pas être juste une maman. Exister à nouveau vraiment, être utile, être féliciter, être un exemple. Mener de nouveaux projets et en être fière. Mais pour le moment, à défaut d’y parvenir, je les rêve.
Rassurez vous, il y a de nombreux jours où je vais bien. D’ailleurs dans ces jours là je m’auto-félicite des petites choses accomplies au quotidien. Il n’y a pas de petites victoires et mis tout bout à bout, j’estime être une superwoman. Même si pour certains ça ne se voit pas.
Je laisse donc ici une partie de mes pensées. Ce n’est pas grand chose mais mettre des mots sur des maux, permet d’y voir plus clair et d’apaiser un esprit encombré. Je sais que tout n’est que passager, il faut du temps pour trouver un rythme mais rien n’est impossible. Ce texte en est la preuve… Alors espérons que je sois sur le chemin non pas de l’ancienne moi, mais d’une version plus accomplie.
Comme je suis heureuse que tu aies repris l’écriture… tu arrives tellement à bien transcrire ce dont je me doutais… mais ma chérie, tout cela est normal, c’est le temps que tu remontes à la surface après tous ces changements dans ta vie…
Tu as tout accomplis avec brio et moi je suis fière de toi et plus que jamais!
Je serai tjs là pour toi et tu le sais… ❤️