Mai 2021

19 mai : un nouvelle étape vers la liberté

19 mai : un nouvelle étape vers la liberté

Nous sommes revenus hier avec chérinou de mes chez parents. Papa va mieux pour le moment, donc pourvu que cela dure. J’étais rassurée d’avoir retrouver mon papounet avec son sourire et son humour. Alors certes, c’est un peu avec le coeur lourd que je suis repartie, mais j’y étais obligée. Le retour à mes propres épreuves que voulez-vous. 

Ce matin je ne suis pas très bien. Physiquement impeccable, mais alors mentalement… Tout mon être est stressé par mon rendez-vous de 10H00. Ma fameuse visite au service médical militaire pour savoir si je suis apte à reprendre le service. Le point positif, c’est que j’ai aucun problème niveau transit pour le coup. Bienveillante est bien entendu présente pour me soutenir « arrête de trop réfléchir. Tu n’es pas équipée pour de toute façon. Ca va aller. De toute manière au pire du pire, personne ne peux t’obliger à reprendre le service. Donc respire, pète un coup s’il le faut et remonte en selle ». Waouhhh, je suis pas certaine que je l’embaucherai pour motiver les troupes.. M’enfin, d’un côté elle n’a pas tord non plus. Comme d’habitude quoi. Bref, comme dirait Pépin, il est temps que je m’active un peu. 

Pas de sport ce matin, j’ai trop la boule au ventre pour faire quoique ce soit. J’essaie de déjeuner un peu quand même puis range la maison. Oui à 07H30 je suis déjà au taquet à astiquer ma cuisine. Autant que mon angoisse serve à quelque chose. Alors si faire le ménage m’aide un peu à me vider la tête et en prime faire briller la maison, je prends haha 

Le moment de partir arrive bien vite. J’essaie de garder un apparence sereine, surtout quand chérinou me souhaite un bon rendez-vous avec le sourire. En vrai j’ai envie de pleurer mais je me retiens. Je suis plus forte que ça. Ou pas. 

09H10, comme avant je fais le point avant de partir : badge check (retrouvé au fond du tiroir après 10min de recherches intensives haha), sac à main check, masque check, clé check. Comme avant, j’emprunte l’autoroute qui me mène à Tours. Comme avant, je mets ma playlist pour me donner du courage. Comme avant, j’ai la boule au ventre plus je me rapproche. 

Là tout de suite je n’arrive plus à chanter. Les mots sont coincés dans la gorge. Mes mains sont crispées sur le volant, j’ai chaud alors qu’il fait très doux pour la saison. Je prends la sortie qui me mène à Tours Nord. Dans une dizaine de minutes je serais arrivée. Dans ma tête beaucoup de choses se bousculent, pour une fois que j’ai les neurones en ébullition. Pourquoi la faille spacio temporelle n’est jamais présente quand on a besoin d’elle hein?

Dernier rond point, je suis devant la base. Je présente mon badge à l’entrée, on me laisse passer. L’avantage c’est que le service médical se trouve à l’opposé du bâtiment dans lequel je travaille. Donc déjà, normalement, je ne devrai rencontrer aucune tête de connue. Normalement…. 

Comme d’habitude, c’est la galère pour se garer, alors après un tour d’horizon qui me confirme qu’aucune place n’est disponible devant le centre, je pars me garer à perpètes les oies. Un peu de marche me fera de toute manière le plus grand bien. 

09H55 je suis dans la salle d’attente. Ca me fait bizarre d’être entourée de militaire alors que moi je suis en civile. Une fois de plus, j’ai l’impression d’être l’intruse dans ce monde au carré. 

Ô miracle, je suis invitée à suivre le médecin. Il est 10H10.

J’entre dans son bureau et m’assoie en face de lui. J’ai peur. Je stresse, je veux sortir. Mes mains tremblent, alors je croise mes bras et les tiens fortement. Je ne sais pas quoi penser de l’homme en face de moi. Il est grand, je dirai la cinquantaine. C’est un colonel réserviste. Son regard n’est ni accueillant ni médisant. Il est juste objectif. Je n’ai aucune idée de ce à quoi il pense. Et avec le masque je ne décèle rien de son attitude envers moi. Je suis au bord du gouffre. Mon dieu mais faite moi sortir de là. Puis il me pose une question. Pourquoi suis-je ici aujourd’hui. Ah. Donc même lui n’est pas au courant. Je lui explique que j’ai été convoqué dans le but de savoir si j’étais apte à la reprise du service suite à un burn out. Il me demande ce qui s’est passé pour que j’en arrive là. Maman je craque. Je sais que c’est débile, que ça sert à rien de se mettre dans des états pareils mais là je peux rien retenir. Mon angoisse ressort. Alors à peine je prends la parole que je tente de retenir mes larmes sans grand succès. J’ai peur qu’il me prenne pour une folle ou qu’il se dise que je fais du cinéma pour l’attendrir. Mais non, juste il m’écoute. Et à la fin de mon histoire, il comprend mon choix. Je reste coi. Un silence s’installe. Une fois la surprise passée, il m’explique que je n’ai rien à me reprocher. J’ai fait les démarches nécessaires, j’ai agis comme je le devais. Maintenant il me fait comprendre que dans l’armée, individuellement les gens comprennent. Seulement collectivement… Et puis il faut se rappeler que l’on est pour certains que des matricules, et une démission pour burn out c’est mal vue. Alors il me confirme que je ne suis pas du tout prête pour reprendre le service. Même sûrement jamais. Que là s’en est même viscérale et qu’il faut que je sorte du système. Même lui ne comprend pas pourquoi on m’a refusé la démission. Il déclenche la procédure de réforme, pour le moment c’est ma seule porte de sortie. Comme je lui confirme, mon but n’est pas d’être placée dans un congé de la non activité. Je peux que l’on me rende ma liberté. Ne plus avoir d’attache avec l’armée, pouvoir être engagée ailleurs et vivre à nouveau pleinement. 

Au départ je suis contente, voire même heureuse. C’est la première personne militaire que je rencontre qui ne me juge pas et même au contraire, me soutient et me tend la main. Il m’explique maintenant la procédure. Je vais devoir aller à Paris pour consulter un psychiatre militaire. Seul lui pourra juger si oui ou non la réforme est nécessaire. Le médecin lui ne donne qu’un avis, aussi le spécialiste n’est pas obligé de le suivre. Mais ce n’est pas tout. Car après cette visite parisienne, il faut savoir que mon dossier passera ensuite devant une commission qui statuera en dernier ressort sur mon avenir. Ouais donc en gros, j’ai pas le cul sorti des ronces…. Mais bon, maintenant la procédure est lancée, une part de moi est quand même soulagée.

Une fois sortie de son bureau, je file à l’accueil. Mon dossier est pris en charge par la secrétaire qui me donne le second effet kiss cool. En gros, elle m’annonce clairement que c’est pas gagné d’avance car ce n’est pas la politique de l’armée de l’air de réformer les gens. Peut-être est-ce mon imagination, mais j’ai l’impression une fois de plus d’être jugée. Ben voui, physiquement je n’ai rien et bon nombre de dossiers similaires au mien sont passés avant moi et ont été refusé.

Toujours est-il que je ressors de là avec encore des questions sans réponse (je mens, on m’a dit « dans l’armée de l’air ça se passe bien » – hahahaha…) et dans l’attente que la secrétaire me recontacte pour mon rendez vous chez le psychiatre. Bref, en gros je n’ai pas encore fini de stresser. 

Quand je rentre à la maison je suis soulagée. Je retrouve mon cocon familial. J’aime ces murs qui me protègent de la vie extérieure. Ici je peux contrôler ma réalité, là-bas non. Ici, je suis à nouveau dans ma bulle et je reprends le cours de mon existence, en occultant l’armée…

L’après-midi se passe tranquillement. Maintenant que toute la tension est, je pense, retombée, je respire et chante à nouveau. J’ai fait le débriefing avec chérinou qui reste toujours autant consterné devant toute cette procédure. Mais comme il dit, de toute manière à un moment donné ils seront bien forcés de me lâcher. En attendant ben qu’ils continuent à me verser mon salaire sans rien faire haha 

Vers 17h50, j’ai retrouvé toute ma légèreté et même mon envie de faire du sport. Alors je décide de me bouger un peu histoire de finir d’évacuer toute la tension accumulée cette journée. Au programme, bien entendu le FOCUS T25 de Shaun-T et son programme de danse Let’s get up.

18H50, je suis en transe. J’en ai sué sa grand mémé pour la vidéo « core cardio » (qui porte bien son nom quoi) mais par contre j’ai retrouvé le sourire avec la danse « Bailamos y vivimos ». Rien qu’à l’intitulé on est obligé de kiffer. Et durant cette chorégraphie, autant dire que j’ai vraiment lâcher prise. Toutes les émotions de ces derniers jours ont explosé. Alors cette fois, et depuis bien longtemps, je me suis vraiment sentie libérée.

Pour autant, je pense que demain je vais encore avoir mon lot de surprise. Mon petit doigt me dit que mon rendez-vous avec la psychologue arrive à point nommé…

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