Janvier 2022

16 janvier : se relever encore

16 janvier : se relever encore

Voilà maintenant quatre jours que la fausse couche a eu lieu. Mon état d’esprit? Peut mieux faire mais en progression. La triste réalité a bien fait son chemin dans ma tête. En même temps, j’ai eu tout le loisir d’y penser au cours de ces derniers jours. J’ai également pris conscience que malheureusement beaucoup de femmes vivent cette situation. C’est juste encore un sujet tabou où même le corps médical (pour ma part) est très peu présent et sans grand estime.

A la suite de la nuit catastrophique, j’ai voulu voir mon médecin dans la foulée. C’est bien beau de se documenter sur le net mais on a besoin d’être rassurée par un professionnel. Bon manque de bol encore une fois, mon médecin traitant ne travaille pas le mercredi et j’ai donc eu droit à sa remplaçante. Autre fait surprenant, c’est que le secrétaire médicale qui m’a fixée mon rendez-vous d’urgence, a jugé bon de me donner son avis sur ma propre situation. Encore mieux, elle s’est même sentie investi de la mission de me remonter le moral. Nan mais allô. J’ai donc eu droit au fameux discours de « ce n’est pas grave madame, vous allez vous en remettre vous êtes jeune ». A la limite là, j’aurai pu garder mon calme, mais les gens faut toujours qu’ils en fassent trop et surtout, sont persuadés d’avoir la parole divine. « Vous savez madame, moi j’ai fait une fausse couche à plus de 7 mois. Là c’est plus grave car on a déjà préparé l’arrivée du bébé, on a les petits chaussons, sa chambre de faite et c’est beaucoup plus terrible de s’en remettre. Vous ce n’était que le début, donc ne vous en faites pas, dans votre cas ce n’est pas grave ». Autant dire qu’au téléphone je suis restée coi. Mais pas longtemps. Ma tension a subitement monté. En temps normal j’aurai sûrement acquiescé gentiment et aurait confirmé ses dires avec un sourire de courtoisie. En temps normal. Or là, c’est tout sauf normal et je n’admets pas que l’on trouve légitime de minimiser ma situation tout ça parce que ma grossesse était moins avancée que la sienne. D’où cette personne estime que ma peine doit être moindre que la sienne? J’ai le droit d’être triste, j’ai le droit d’être considérée au même statut que n’importe qu’elle femme enceinte, j’ai le droit de souffrir. Alors la gentille licorne n’a pas pris de paillettes pour la rembarrer « écoutez moi madame, je vous remercie de votre sollicitude mais en fait j’en ai rien à foutre de vos conseils. Non ça ne va pas bien et non je n’ai pas besoin de votre avis. Tout ce que je veux, c’est un rendez vous pour que l’on m’aide à faire disparaître cette douleur physique dans un premier temps. Alors merci pour le rendez-vous et bonne journée à vous ». Et encore, à bien y réfléchir j’ai été très poli !

Dans la matinée de mercredi, j’ai donc fait la connaissance de la remplaçante. Heureusement que c’était un rendez vous d’urgence, déjà que j’ai eu 50min d’attente, je n’ose imaginer si cela avait été un rendez vous lambda. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre mais au moins à un examen approfondi… Au lieu de ça, je lui ai raconté les faits et à partir de là elle a confirmé que j’avais donc fait une fausse couche. Ok. Alors elle était confiante sur la suite des événements et étant donné que j’avais, semble t-il, déjà expulsé la majeure partie de l’embryon, il fallait laisser la nature finir son travail. Cela pouvait prendre entre trois à dix jours. Comme le monsieur de chronopost quoi, on prends pas de risque à estimer un temps pareil. A la suite de quoi, il faudra que je fasse un examen de contrôle pour voir si j’avais à nouveau un salon aussi propre que dans l’émission « Faut que ça brille ». Miracle de la nature, j’ai toujours mon fameux rendez vous chez la sage femme mardi prochain qui pourra analyser tout ça. Bref, je suis donc repartie de là avec en tout et pour tout, une ordonnance de doliprane et de codéine, puis des « courage madame ça va aller ». Ya pas à dire, on se sent tellement bien épaulée….

Depuis et bien j’ai le QI d’un bulot cuit. Mes journées ont été rythmé par les contractions (finalement la douleur des règles c’est vraiment bénin…), mes aller/retour aux toilettes, diverses séries Netflix, des parties de PS4 et des siestes alternant entre le lit et le canapé. Jusqu’à samedi j’ai traîné en pyjama, les cheveux gras et des poils aux pattes. A quoi bon prendre soin de soi alors que pour le moment je suis juste un mélange de lassitude et de souffrance. Pendant ces quelques jours j’ai également haïe toutes ces personnes qui clamaient haut et fort leur bonheur d’être bientôt maman sur les réseaux. J’ai maudit pas mal de choses en fait. De toute façon, c’est toujours quand faut pas que l’on tombe sur les sujets interdits, vous savez du style : Tu veux te mettre au régime? Regarde moi ces belles photos d’assiettes alléchantes. Tes vacances ont été annulé? Admire ces magnifiques voyages que l’on te propose à la télé…

Oui je suis passée par tout un tas d’émotions. Bien entendu que j’ai culpabilisé. Après tout, c’est mon corps, c’est donc ma faute si l’embryon n’a pas réussi à survivre. Ai-je fait quelque chose de mal ces dernières semaines? Mangé un aliment interdit? Fais un geste en sport qui a provoqué ce malheur? J’ai repassé en boucle mes habitudes, mes gestes du quotidien. Non, j’ai vraiment fait attention. Même à Noël et jour de l’An je n’ai pas fait d’écart. J’ai également ressenti beaucoup de colère et d’injustice. Mais finalement c’est la lassitude qui l’a emporté. Oui j’ai pleuré les premiers jours mais après c’est devenu comme irréel. La douleur physique a pris le dessus sur l’émotion. La tête a décidé de clôturer ce dossier afin de se protéger. On ne peut pas revenir en arrière et ce qui est fait et fait. Il faut juste du temps pour accepter que ce n’est pas ma faute, que je ne suis pas le problème. C’est la nature qui est aussi ainsi faite. Oui il vaut mieux que cela arrive maintenant que dans quelques mois. Maintenant je suis prête à entendre cette vérité. Oui je l’admets maintenant que, dans mon malheur, j’ai eu un semblant de chance. Bien sûr que je me pose un tas de questions sur la suite des événements et que j’ai cette petite voix au fond de moi qui me dit que ça peut se reproduire. Mais déjà, vais-je réussir à tomber à nouveau enceinte? Cela va-t-il prendre du temps? Suis-je vraiment faite pour? En ai-je encore envie? Un bon nombre de questions traverse l’esprit dans ces moments là. Mais cette fois, je décide de ne pas m’y attarder trop non plus. C’est légitime de se les poser mais cela ne sert à rien non plus de trop cogiter. Cela créer juste des soucis supplémentaires et je n’ai pas envie d’en avoir en plus. De toute manière, personne n’a la réponse à ces questions, seul le temps peut nous les apporter. C’est pourquoi je sais qu’il faut que je reprenne ma route. Je me suis engagée dans un cul de sac, maintenant je dois faire demi-tour, sortir de là et repartir sur un nouveau chemin. Jamais je n’oublierai cet événement. Il fait désormais parti de ma chair. Puis-je me considérer comme une mamange? Après tout au yeux de la loi il ne représentait rien et comme on me l’a clairement dit, je n’était qu’à deux mois et demi.

Toujours est-il que c’est samedi que j’ai décidé de me reprendre un peu en main. Au vu de l’état avancé de dégradation capillaire et hygiénique constaté dans le miroir, il me semblait opportun d’y remédier. J’ai hiberné quatre jours durant, je n’ai pas osé sortir de chez moi sauf pour accueillir le livreur en jogging troué. Autant dire que ma féminité et ma grâce licornesque ont été inexistant ces derniers jours. Comme le sport et l’alimentation soignée. En même temps, faut dire que j’avais pas la condition physique pour. Mais depuis hier, comme par enchantement, les coups de poignard dans le bas du ventre se sont dissipés. Je ne prends plus de médocs, je ne subis plus mon corps. Je dois reprendre soin de moi. Je dois exister à nouveau. Alors oui ce samedi a été synonyme de petite renaissance. Après un sacré coup de carsher, j’ai même réussi à mettre un peu de poudre au yeux, m’habiller avec autre chose que le jogging collection gruyère et je me suis même mélangée à la populace pour une sortie shopping avec chérinou.

On est désormais dimanche, la fin d’une semaine longue est intense. J’ai traversé un désert de tourment en l’espace de quelques jours. Encore. J’ai fait les montagnes russes émotionnellement. Encore. Mais je sais que j’ai cette capacité en moi de me relever. Encore. Je n’ai pas fait tout ce chemin pour en rester là. 2021 a été hard, a laissé des traces, un cœur meurtri mais en guérison. La fin d’une époque mais le début d’une nouvelle vie plein de promesses. 2022 a commencé avec un uppercut une nouvelle fois mais j’ai encore 350 jours pour retrouver un équilibre. Moi aussi j’ai le droit à ma part de bonheur. Je ne vaux pas moins qu’une autre licorne et un jour avec chérinou on l’aura notre propre famille. Les projets sont toujours là, même si ils se modifient avec le temps ils continuent d’exister pour me faire avancer. Alors aujourd’hui je décide de relever à nouveau la tête et de reprendre mon parcours du combattant. Il est certain que je vais avoir encore des hauts et des bas, que mes pensées dévieront de mes objectifs et se perdront dans des souvenirs d’un monde parallèle. Après tout, on ne peut guérir du jour au lendemain sans séquelle et ce, quelque soit la blessure. Mais je suis la seule qui peut décider d’avoir envie d’aller mieux. Alors oui, je vais apprendre à ne plus détester ces nouvelles mamans heureuses, à ne plus pleurer devant ces vidéos de bébés adorables, à ne plus en vouloir à la terre entière. Je vais reprendre ma vie en main car j’en ai besoin.

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Et viens faire également la connaissance de Gisèle, ma licorne, sur insta ! Je suis certaine qu’elle te plaira 😁

6 commentaire

  1. Lola

    Bravo d’avoir eu cette répartie avec la secrétaire ! Ce n’est pas toujours facile de trouver les mots justes, encore moins dans un moment pareil, lorsqu’on est secoué par l’émotion, mais tu as su viser en plein dans le mille ! Non mais ho.
    Et bien sûr que tu es une mamange si tu te sens mamange. ❤️ Et un jour tu seras une maman licorne arc en ciel 🌈.

    Je t’embrasse très fort et je t’envoie plein de force.

    1. J’ai pas l’habitude d’être vulgaire mdr mais parfois on ne peut pas se retenir 😉 mais maintenant ça va mieux, je suis redevenue une licorne polie et adorable😜
      Un jour peut-être tu m’apprendras des trucs pour être une maman licorne toi qui découvres ce rôle 😘
      En attendant, prends soin de toi, repose toi bien et profites des ces doux moments (même si ils peuvent être un peu rude j’en suis sûre mdr)
      plein de bisettes et encore merci pour ton message et tout ton soutien❤

  2. Sofi

    Coucou Audrey, tellement peinée de lire tout ça. De tout ❤ avec toi. La vie est parfois injuste, laisse toi du temps. T’es une licorne qui déchire, tu en sortiras plus forte. Gros bisous pailletés 😘😘.

    1. coucou Sofi, merci pour ton message et ton soutien. Je prends bien entendu tous les bisous hihi

  3. laure-line

    t’as le droit d’être triste, tu as eu raison de boucler le bec à cette secrétaire. mais, j’espère que cela te remontera le moral, je peux te raconter ma propre histoire. ma maman a fait 3 fausses couches précoce s à 1 moi, 2 mois et même trois mois. Elles ont toutes été très dures.

    Mais elle n’a pas abandonnée et je suis née il y a 44 ans et je suis en forme (quoi que légèrement enrobée lol) et ma sœur est arrivée 2 ans et demi plus tard. Moi, même j’ai accouché de mon dernier né à 39 ans. Tu as le temps…

    Alors profite de ce temps, prends tout le temps dont tu as besoin pour faire ton deuil. Une fausse couche, c’est un vrai décès, aussi dur à vivre que n’importe quel décès.
    Tu as de la chance d’être bien entourée, sers toi de tout l’amour qui t’entoure pour remonter la pente.

    je ne sais pas comment finir mon message sans balancer une banalité
    ppfffiou
    alors je crois que je vais faire simple
    bonne nuit à vous deux…

    1. Merci pour m’avoir partagé ton histoire. C’est vrai que l’on a souvent cette pression psychologique une fois passé le cap de la trentaine… et encore plus quand on s’approche des 35… rien est encore perdu, comme tu dis, j’ai le temps de fonder encore une famille, on verra bien se que l’avenir nous réservera ^^
      Encore merci pour ton message et ton soutien, je te souhaite plein de bonheur à toi aussi
      Grosse bisettes <3

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