Janvier 2022

12 janvier : pourquoi…

12 janvier : pourquoi…

Au départ cette journée s’annonçait belle et prometteuse. Puis comme un tsunami sorti de nul part, j’ai une nouvelle fois été emportée dans un flot incontrôlable de tourments. Retour en arrière sur cette journée qui restera marquée dans ma mémoire.

7h00, j’arrive à me lever sans difficulté. Je suis contente, j’ai quelques petites courbatures dans les fesses, signe que j’ai bien travaillé la zone hier héhé Dans la salle de bain, mes affaires de sport m’attendent. Petit passage par la balance, histoire de contrôler que mon poids reste stable puis c’est parti mon kiki. Mon corps est à fond pour s’entraîner afin de devenir aussi gracieux qu’un cygne (même si il a clairement conscience que ça risque de prendre beauuuuuuuuucoup de temps).

7H20, je suis prête. Tapis déplié, haltères et élastiques à portée de main et caméra en place. Bien sûr que je continue à partager mes séances, si cela peut donner de la motivation et susciter des vocations de ballerines allons-y hein C’est donc une fois de de plus que je commence ma journée avec la coach Elise et son programme pré et post natal. Elle l’a promis, et je veux la croire, d’ici quelques mois j’aurai les bras d’une danseuse professionnelle et des fesses rebondies de la mort qui tue (ne dit-on pas que tant qu’il y a de la vie il y a de l’espoir?).

On débute la séance avec une mise en mouvement douce. Des étirements et de la respiration. Cela me va très bien. Je reconnais que cela me fait quand même bizarre de ne plus être dans la performance à tout prix mais plutôt dans la prise de conscience que désormais je ne suis plus seule dans mon corps. Après presque deux mois, c’est encore très très abstrait de me dire que je vais devenir une véritable maman licorne. J’ai déjà du mal à m’occuper seulement de moi en temps normal, voilà que maintenant va falloir que je le fasse pour deux. Pourtant, plus les jours avancent et plus je me dis que c’est une jolie réalité, même si dans ma tête je suis toujours une enfant et que je n’arrive pas à m’imaginer avec un bambin dans les bras. Chaque chose en son temps, j’ai encore plus de sept mois pour m’y préparer.

La séance du jour fait appel à une belle souplesse que je n’ai pas. Même les mamans qui passent à la télé sont bien plus souples que moi. Pas d’inquiétudes, chacune à son rythme. C’est fou tout ce que l’on peut faire même enceinte. Il est fini le temps où on ne devait plus bouger, il est d’ailleurs même fortement recommandé de ne pas s’arrêter pour le bon déroulement de la grossesse (si bien entendu vous êtes en état). Avec Elise on s’attaque à mes dessous de poulet ballottants. Moi qui avait l’habitude de travailler avec des poids de 5 kg pour les bras, me voici avec des charges ne dépassant pas les 1kg et qui me suffisent amplement ! Boudiou que ça brûle. Les répétitions sont longues et intenses. Je suis même obligée de faire de pauses si je veux que mes bras se ré-oxygènent un peu. Comme quoi, pas besoin de grand chose pour travailler intensément. Comme le dit si bien la coach, ce n’est pas parce que l’on est enceinte qu’elle va nous épargner. Elle a longuement étudié et connait des positions tout à fait adaptable et qui font travailler toutes les zones du corps bien comme il faut. Moi qui avait peur que ce soit ranplanplan, j’en sue sa grand mémé comme il le faut, mais tout en respectant ce « nouveau » corps.

30min plus tard, la séance se termine. Je suis dans un bon mood, j’ai envie de continuer un peu, et comme son programme est super bien fait et évolutif au fils des mois, elle a même prévu des petites séances de 10min au cas où la forme serait au top du top. Alors c’est parti pour cette fois un travail d’équilibre, axé également sur la respiration et la contraction du périnée (dis donc, ça rappellerait pas un peu Lucile ça?). En toute honnêteté? Je suis encore très loin de la grâce d’un rat d’opéra. Mon équilibre est vraiment bancal même si j’arrive à tenir certaines positions. Décidement, ce programme promet d’être intense mais j’en suis d’autant plus ravie que je suis certaine qu’il va beaucoup m’apporter au fil des mois.

Une fois ma séance finito, pas le temps de m’éterniser non plus. Comme chaque mardi maintenant, j’accompagne chérinou pour travailler avec lui à la boutique. De grands moments de comptabilité m’attendent youhouh. En vrai, j’adore. Déjà je me sens utile et ça, ça n’a pas de prix (surtout après quasiment un an d’arrêt). Je suis tellement contente que mes talents de secrétaire et de connaissance des tableurs Excel soient enfin mis à profit pour quelque chose (et quelqu’un) qui me tient à coeur. Alors oui travailler en couple peut parfois être compliqué. Cependant, je pars du principe qu’il faut savoir où est sa place et ne pas confondre la vie professionnelle et personnelle. A partir du moment où on arrive à faire la part des choses, il n’y a pas de raison que cela ne fonctionne pas. Et puis c’est aussi une décision qui a été mûrement réfléchi. Aussi, même si je sais qu’il y aura (forcément) des petits accrochages, notre aventure se passera bien. POINT.

8H45, il est temps de partir. Quel plaisir de ne pas avoir à remettre d’uniforme pour aller bosser mais des affaires dans lequelles on se sent bien. D’y aller le coeur léger, sans prise de tête et sans cette boule au ventre que j’avais tellement auparavant. qui l’eut cru que je recommencerai à aller bosser avec un méga sourire collé sur le visage. Quelle douce sensation vraiment.

La journée se passent donc sans encombre. Je m’occupe des factures, je créer de jolis tableaux (utiles bien entendu), je mets de l’ordre dans les papiers. Sur la pause déjeuner je m’occupe de choses personnelles. J’ai fait l’acquisition hier du nouveau programme 2B PREGNANT lancé par mon application favorite Beachbody. A croire que rien n’arrive par hasard n’est-ce pas. Je lis avec attention les petites astuces, la liste des aliments conseillés et surtout interdits. Bref, c’est très intéressant et les recettes proposées m’ont l’air bien appétissante. Chouette, cela me donnera des idées supplémentaires pour les menus !

La fin de journée de travail arrive très vite. L’avantage quand on se sent bien dans un endroit. Pour autant, elle n’est pas totalement terminée pour moi. Ce soir j’ai rendez-vous avec la sage femme. Au départ ce n’était pas prévu, puis sur les conseils d’une amie j’ai quand même décidé d’y aller. Ca ne mange pas de pain comme on dit, puis il paraît qu’elle pourra me faire une écho de datation. En toute honnêteté, je ne suis pas du tout sereine. Je ne sais pas pourquoi, j’ai comme un mauvais pressentiment. Au fil des heures ma bonne humeur s’est muée en doutes. Dans l’après-midi j’ai ressenti comme de petites douleurs en bas du ventre. Sûrement rien d’alarmant, je dois une fois de plus stresser pour rien. Mais finalement, je suis bien contente de pouvoir poser des questions à une professionnelle car si je me fie à internet, je décède c’est sûr.

18H, (après 45min de retard, ça va tranquille…), je suis enfin dans le bureau de la sage femme. Je lui donne mes résultats d’analyses sanguines toussatoussa. Je ne sais pas comment la définir. Pour être honnête, je ne me suis pas sentie totalement à l’aise en sa présence. Je ne peux pas décrire cette sensation. Disons que pour être honnête ça elle l’est! Et elle ne va pas par quatre chemins. J’avoue me sentir un peu (beaucoup) agressée quand, à peine elle termine de lire mes résultats, elle m’annonce qu’il faudrait que je fasse vraiment attention car  » l’obésité c’est pas top quand on est enceinte. Ca serait dommage de se mettre au régime de suite hein ». Je sais que j’ai des risques de diabète gestationnel, mon médecin m’a déjà mise en garde là dessus. Mais voilà, du haut de mes 1m54 et de mes 80kg c’est pas bon. Et hop, première attaque frontale. Quand je pense que c’est la seule sage femme aux alentours… Bref continuons. Après une vague de questions incessantes, arrive le moment de l’échographie. Je stresse. Je m’installe sur son fauteuil et attends. C’est comme dans les films, un coup de gel et hop sur le bidou. Je scrute non pas l’écran de contrôle mais son visage. Il est fermé et soucieux. Je comprends de suite que quelque chose ne va pas. D’un coup je mets mes émotions sur off, comme si je dressais un mur dans ma tête pour me protéger. Le temps se ralenti je sais ce qu’il va se passer mais je ne veux pas que cela se produise. Je vois ses lèvres remuer, j’entends ce qu’elle me dit mais mon cerveau refuse de l’intégrer. Les mots « trop petit », « pas assez évolué », « rythme cardiaque inexistant » se heurtent à mon mur imaginaire et le fracassent petit à petit. J’ai la mâchoire serrée comme si ce simple geste pouvait me permettre de garder le contrôle de mes émotions. J’hoche la tête. Je ne peux faire que ça. J’ai juste envie de disparaître, de fermer les yeux et de ne plus penser. Mais la fissure est là est s’agrandie de plus en plus. Je sens déjà les larmes couler. Ne pas s’effondrer maintenant, c’est tout ce qui compte. Elle finit par me dire qu’il faut rester optimiste, que parfois les miracles ça existent. C’est la phrase de trop. Je la regarde droit dans les yeux et lui réponds « gardez vos belles paroles pour les autres. Vous êtes une professionnelle et vous avez l’expérience, vous savez parfaitement ce qu’il va se passer. Alors ne me donnez pas de faux espoirs Et au vu de l’année que je viens de vivre, je sais pertinemment que les miracles comme n’existent pas ». Je la vois se dandiner sur sa chaise, mal à l’aise. Elle m’avoue donc qu’effectivement ça risque d’être très très compliqué et qu’elle est désolée. Elle me prescrit une dernière écho mardi prochain. Si à celle ci pas d’évolution, il faudra mettre un terme à la grossesse. Je ramasse mes papiers, lui adresse un merci pour son aide. Elle me demande si ça va aller.. Ai-je le choix de faire autrement? Dans sa grande bonté elle m’ouvre la porte de derrière afin de m’éviter de passer par l’accueil et devant tous ces gens qui attendent une consultation.

J’arrive à la voiture dans un état assez lamentable je dois le reconnaître. Je n’arrive pas à retenir mes sanglots. Un tas d’émotions m’envahit. Mais le mot qui se bouscule dans mon esprit c’est pourquoi?? Pourquoi moi? Pourquoi la malchance me poursuit encore? Pourquoi je ne peux pas faire une grossesse normale comme 70% de la population? Pourquoi le sort s’acharne contre moi? Pourquoi je dois encore subir cette perte? Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Je n’arrive pas à comprendre ce que j’ai fait de mal pour que le destin m’enlève encore une part de bonheur. J’ai mal, mais tellement mal. J’ai mal de devoir l’annoncer à chérinou, à ma famille. Je suis une fois de plus porteuse de mauvaises nouvelles alors que j’avais donné l’espoir d’un futur meilleur à mes proches. La surprise était tellement belle à Noël, comme un signe du destin, une vie pour vie. Et voilà qu’une fois de plus tout s’effondre. Je ne peux pas dire quelle émotion est la plus forte. Tout se mélange, colère, culpabilité, tristesse, désespoir, frustration, déception puis résignation. Je sèche mes larmes comme je peux, il est temps de rentrer à la maison…

L’annonce a été très difficile. Une fois encore les mots n’ont pas réussi à franchir mes lèvres et chérinou a été ma bouée de sauvetage. Je ne sais pas comment il fait pour encore être présent à mes côtés avec toutes les galères que je lui ai créé ces derniers mois. Pourtant il est bien là, à me serrer fort dans ses bras et à me réconforter tendrement. Je sais qu’il est touché aussi, qui ne le serait pas? Mais il sait me convaincre que ce n’est pas ma faute et que le destin va forcément tourner en notre faveur un jour prochain. C’est dégueulasse oui mais c’est comme ça et malgré tout il faut continuer d’avancer. Il arrive à me faire sourire puis rire. Que serais-je sans lui…

Ce soir, au diable les habitudes saines. A la place, un bon plat de pâtes au pesto réconfortant. J’emmerde la sage femme et son régime, j’emmerde ces personnes qui me trouvent obèse, j’emmerde les gens qui vivent un bonheur sans nuage. Les douleurs dans le bas du ventre sont de plus en plus intenses. C’est comme des coups de poignard qui me meurtrissent un peu plus le corps et le cœur. Aucune doute là dessus, la nuit va être longue et douloureuse, je le sais, c’est la fin. J’ai conscience que la vie que j’avais commencé à créer s’est éteinte pour de bon et qu’elle va me déserter au cours des prochaines heures. Finalement internet avait raison… Et je sais que je vais passer ma nuit à lire des témoignages, à me torturer l’esprit, à revivre les dernières semaines dans ma tête pour essayer de comprendre ce que j’ai mal fait pour en arriver là. Puis je redresserai un mur dans mon esprit pour passer le cap, pour surmonter la peine et l’incompréhension. Bref, ce soir ma vie a encore basculé.

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Et viens faire également la connaissance de Gisèle, ma licorne, sur insta ! Je suis certaine qu’elle te plaira 😁

14 commentaire

  1. Goisbault

    Je suis vraiment de ce qui vous arrive, vous étes une belle personne qui vous donnez à fond , au niveau de votre motivation , d avoir quitter un travail qui ne vous convenait plus , d avoir créé un blog de me faire rire et surtout une belle écriture qui vient du cœur ❤ lancer vous dans celle ci . A chaque lecture je suis impressionné par vos mots vos phrases , un grand merci pour tout ça. Prenez soin de vous et bb viendra le moment venu .

    1. Merci beaucoup pour votre commentaire, ça me touche énormément.
      Oui je vais continuer à écrire et voir où cela peut me mener 😉
      C’est aussi grâce à vous que je trouve la motivation de continuer, de savoir que j’ai une belle communauté bienveillante, que je peux apporter un peu de rire dans la vie des gens. Etre utile n’est pas rien et permet de garder le cap. Un jour la roue finira bien par vraiment tourner ! En attendant je vais continuer à pédaler pour essayer de la faire avancer…
      des bisettes et encore merci!

  2. Goisbault

    Je suis vraiment désolé.

  3. Lola

    Tu n’as pas créé de problèmes à Chérinou. Tu traverses des choses difficiles, et comme vous êtes un couple uni il les vit avec toi et t’aide à les surmonter. C’est ça, l’amour, et c’est très beau. Je sais que c’est plus facile à dire qu’à ressentir, mais tu n’as pas à culpabiliser 🙏. Et cette sage femme… What the fuck. La grossophobie dans le milieu médical doit vraiment cesser. Tu n’es pas responsable de ça non plus, et je suis désolée que tu aies eu à subir son manque de .. je ne sais même pas comment dire. Compréhension, tact, empathie, humanité simplement ? Nous on est là, tes démonettes et on ne te lâchera pas. La vie est belle parfois, je te le promets. ❤️

    1. Merci ma jolie Lola.
      Oui la vie regorge parfois de belles choses, c’est comme tout, ça va ça vient. Heureusement que vous êtes là par votre bienveillance et votre soutien. Ca me permet de continuer, de rester motiver et de sortir la tête de l’eau.
      Je te souhaite surtout beaucoup de bonheur ma belle Amie, je sais que l’amour vient de frapper à ta porte et j’espère que tout se passera bien pour vous trois <3

  4. Karine

    Oh je suis de tout cœur avec toi. Ne lâche pas. Je sais trop bien le vide que cette annonce crée dans le ventre mais surtout enléve toi de l’idée que tu as fait quelque chose de mal. J’ai fais 2 fausses couches à 3 mois de grossesse et 1 interruption médicale de grossesse à 4 mois mais aujourd’hui j’ai avec moi 2 beaux bébés de 8 et 11 ans.
    Ces étapes restent gravées en nous mais ne perd pas espoir et battez vous, ce bébé vous l’aurez et Gisèle sera une super nounou !

    1. Merci pour ton message <3
      Tu es la preuve vivante qu'il ne faut jamais laisser tomber. JE suis vraiment désolée pour toi que tu ais du subir autant de choc aussi. En tout cas désormais tu es bien entourée et c'est là le principal!
      Gisèle j'en suis sûre sera la tata idéale mdr
      GRos bisous à toi et encore merci

  5. Vivi

    Tu es tellement courageuse et forte… ❤️
    Je t’aime ma licorne de cousine ❤️❤️❤️

    1. Ma chère cousine d’amour,
      C’est aussi grâce à toi et ton soutien, ton amour et ta présence que je suis seule que je suis. Tu as toujours là dans les périodes les plus « critiques », toujours la main à qui me raccrocher en cas de besoin.
      Tu es une femme (et une maman) exceptionnelle et tu es tout aussi courageuse (si ce n’est plus) que moi.
      Vivement nos prochains délires car tu me manques déjà.
      Je t’aime fort ma vivi d’amour

  6. Valérie

    Coucou ma belle licorne,
    En larmes après lecture, je suis tellement désolée pour vous 2 (j’aurais peut-être dû dire 3 je voudrais pas veyer Gisèle)… après toutes les épreuves traversées…. je sais que tu trouveras la force le courage d’avancer (car on a pas le choix) mais aussi parce que tu as des ressources insoupçonnées et que tu es une licorne warrior ! Gros bisous suisses (y sont plus doux et chocolatés que les autres hihihi). A bientôt pour d’autres échanges sur insta.
    Valpoupi

    1. Coucou ma belle,

      Merci beaucoup pour ton message. Bien entendu je prends avec grand plaisir les bisous suisses haha. Oui on a pas d’autre choix que d’avancer et merci à toi et à cette communauté d’être sur ma route pour toujours m’aider de continuer à rester motiver.
      Plein de bisous (mais moins chocolaté lol)

  7. Alexandra Galais

    Toi et cherinou vous n’avez pas mérité cela. Je suis profondément désolée et très très triste 😥. Je te souhaite beaucoup de courage pour surmonter cette épreuve

    1. Merci Alexandra <3
      On va continuer à avancer et faire de notre mieux ! Continuer à y croire que la route va enfin tourner et qu'un bonheur sans nuage fera un jour son apparition 😉
      Plein de bisous et à très vite !

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