11 mai : un coup de massue
Au départ, la journée avait super bien commencé. D’ailleurs depuis quelques jours, il faut croire que tout allait trop bien pour que cela continue. C’est toujours quand on trouve un semblant d’équilibre qu’en général l’imprévu pointe le bout de son nez. Mais reprenons depuis le début.
Ce matin je suis bien. Pas de run au programme, le temps maussade m’a donné l’autorisation de farniente un peu au lit pour ce début de journée. Du coup, comme je n’ai pas trop envie de me forcer non plus, je décide de m’accorder un peu de repos et de ne faire ma séance de FOCUS T25 ainsi que celle de Let’s get up que ce soir. Après tout, c’est bien aussi de prendre du temps pour soi et de changer ses habitudes. Comme ça le corps sera surpris. Ou pas. Toujours est-il que là je me sens totalement sereine, paisible sous ma couette bien chaude. J’espère simplement que le temps va s’éclaircir un peu car chérinou a promis que l’on irait se promener si c’était le cas. Pour une fois, tout le monde dort encore, même Looping (Ô miracle de la nature). Faut dire qu’il est encore un peu tôt. Même l’homme ne ronfle pas. OMG, quel moment de bonheur. D’ailleurs c’est sûrement grâce à ça et au doux son de la pluie résonnant sur le velux que j’ai réussi, sans aucun mal, à repartir dans un monde imaginaire.
10H, toute la maisonnée s’éveille. quel beau tableau de famille n’est-ce pas. Et pour une fois qu’avec Chérinou on est calé sur les mêmes horaires, un bon petit déjeuner s’impose après un réveil crapuleux héhé. Ca faisait tellement longtemps que l’on avait pas pris notre temps comme ça. C’est quand même un comble. On vit sous le même toit, je suis en arrêt depuis janvier et pourtant en ce moment on ne fait que se croiser au final. Une sorte de routine s’est installée. Alors autant dire que je savoure ce repas en amoureux, même s’il ne s’agit que de tartines et de café. On rigole, on se taquine et on pense à l’avenir. Oui je sais, je dois me bouger et faire avancer mes idées. Mais je bloque en ce moment, je n’arrive pas à me lancer. J’ai encore du mal à digérer le refus de ma démission. j’ai aussi mon rendez-vous le 19 mais chez le médecin militaire qui me turlupine. Oui c’est bête mais c’est comme ça. Mais je n’ai pas envie d’en parler pour le moment. Je veux juste profiter de cette journée avec mon amoureux.
En début d’après-midi, comme si ma prière avait été entendue, le temps s’éclairci. Un grand sourire s’installe sur mon visage. Je me précipite dans le bureau rejoindre chérinou et ouvre en grand les volets. L’homme rigole et me dit « ok, une promesse est une promesse, on va se promener ». Les chiens ont bien compris également que l’on allait bouger et les emmener avec nous. C’est donc la zizanie qui commence. Looping monte dans les aigus pour exprimer sa joie et Kitty fait des allers retours entre la baie vitrée et la porte d’entrée, dérapant sur le sol à chaque fois. Ils m’épuisent d’avance. C’est tout une aventure que de les harnacher. Mes tympans sont mis à rude épreuve. Ne pas s’énerver, il est juste content.
Dix minutes plus tard, on est enfin sur le départ. Petit sac à dos pour porter bouteilles et gamelle d’eau des toutous, et en avant Guingamp. Cette fois on prend la voiture pour aller se perdre quelque part dans la campagne. Le trajet s’effectue bien évidemment au doux son plaintif de Looping à l’arrière. Ne toujours pas s’énerver, il est juste heureux….
Quand enfin on est d’accord, on s’arrête dans un endroit à priori déserté par la civilisation. Tant mieux, au moins on sera tranquille pour promener les boules à quatre pattes. Vient ensuite ce merveilleux moment du lâcher des fauves dans la nature. Bonheur, plus de gémissements. Là ils sont heureux. Ils gambadent, sautent, reniflent, explorent, se roulent dans la boue…. Chérinou n’oublie pas que ce sont tes chiens, tu auras donc l’honneur de les laver hein
La balade est hyper sympa. Un coup à l’ombre, parfois au soleil. Il y a un peu de vent mais comme il sert à chasser les nuages il ne me dérange pas. Même que je kiffe sentir sa puissance dans mes cheveux. Sûrement que j’aurai quelques noeuds d’ailleurs, mais ça en vaut la peine. Je me surprends à rêver plage. A vouloir plonger mes pieds dans le sable fin, ressentir les embruns marins, se régaler à regarder les vagues s’échouer contre une digue. Presque je pourrai confondre le bruissement des branches au remous des eaux. On ira oui, mais pas tout de suite. Pour le moment, je me contente très bien de cette promenade à travers champs, de voir les épis de blé pousser et onduler au gré du vent tel des serpents. La couleur du colza donne une belle touche printanière à ce paysage verdoyant. L’après-midi défile vite. 2H30 plus tard, il est temps de reprendre le chemin du retour. Les chiens sont fatigués, on a joué avec eux à la balle sur le dernier kilomètre. autant dire que l’on est parti pour au moins dix minutes de tranquillité. C’est pas une belle journée ça ?
En rentrant, les monstres vont directement se réfugier dans leur panier. Tout sourire je file en cuisine pour le goûter. Oui aujourd’hui c’est la fête, je sors les « petit prince » et toc. On s’installe ensuite avec chérinou dans le canapé pour finir de déguster tout ça. Puis comme si tout était trop parfait pour continuer, il a fallu que le destin s’en mêle.
Mon téléphone sonne. C’est mon petit frère. Mon coeur palpite. Ce n’est pas normal, en général il ne m’appelle jamais. Je décroche en essayant de garder un air serein. Je sens direct à sa voix que quelque chose ne va pas. C’est papa, il est aux urgences. Mon monde s’écroule intérieurement. Ne pas pleurer, ne pas paniquer. Je lui demande de me raconter en détails l’histoire. Je suis la grande soeur, je ne suis pas censée m’effondrer au téléphone mais soutenir. Alors je me décompose au fur et à mesure mais je garde une voix posée et essaie de convaincre titounet que ça va aller. C’est un super petit frère et il gère bien la situation. Je promets de le rappeler plus tard si j’arrive à joindre maman entre temps, mais qu’il n’hésite pas à m’appeler au cas où. Quand je repose le téléphone un flot d’émotions me submerge. Je ne peux m’empêcher de pleurer à grosses larmes. Je ne contrôle plus rien. Pour le moment je n’arrive pas à parler, il faut juste que ça sorte. Chérinou me prends dans ces bras, me serre fort, comme pour me transmettre tout son soutien et retirer ma peine. Je commence à me calmer un peu. Je lui explique la situation. Lui a la tête sur les épaules, je sais que je m’inquiète trop pour rien. surtout quand j’ai pas toutes les données. Mais c’est mon papa. Comment pourrais-je continuer à sourire si le pire lui arrivait? Comment survivre à ça ? Oui je sais, j’imagine tout de suite le pire alors qu’il faut positiver. Sûrement que je me fais du mauvais sang pour rien. Il faut se concentrer sur les bons côtés. A cet instant il est entre de bonnes mains et surveillé de très près. A la moindre alerte, une armée de médecins et d’infirmières sera présente. Maintenant, il faut juste laisser le temps faire les choses. chérinou m’assure que ça va aller. C’est mon père, il est tenace. Oui, je sais. Je n’ai plus faim. C’est définitif, ça m’a coupé l’appétit.
Une demie heure passe et j’arrive a avoir ma mamounette. C’est une situation mais totalement irréelle. Ce genre de choses n’arrive que dans les films en général. Là c’est limite il manque la musique de fond et on s’y croirait. Mon coeur se serre au son de sa voix. Je sais qu’elle n’est pas bien et qu’elle tient seulement sur les nerfs. Mais elle doit rester forte et calme pour le bien de papa. J’obtiens un peu de précisions. son état c’est un peu amélioré, il faut attendre maintenant. Sûrement un effet secondaire du traitement ou bien une infection ou encore une crise d’épilepsie. On attend encore les résultats des tests. Maman me passe papa au téléphone. Entendre sa voix me rassure mais ce n’est pas celui que je connais. Je lui envois plein de bisous, je lui dis je t’aime mais par moment c’est comme s’il était absent. Quelques temps plus tard je raccroche. Maintenant il faut laisser passer la nuit. Sa mère la paupiette, elle va être bien longue. Je suis déboussolée, je n’ai plus le goût à rien. Chérinou est certain que demain ça ira mieux. Mais en attendant, il m’incite à aller faire ma séance de sport, bouger pour ne pas penser ni trop cogiter. « En plus, je suis sûr que ta danse va te redonner le sourire ». Bah, de toute façon, que puis-je faire d’autre? Alors j’écoute la voix de la raison (n’allez pas lui dire hein, il prendrait la grosse tête…), je file revêtir ma tenue de sport et me lance à corps perdu dans ma séance.
Je m’installe dehors pour l’occasion. Le temps a décidé d’être encore clément en cet fin d’après-midi. Je commence avec le HIIT. A la différence des autres jours je n’arrive pas à déconnecter. Pourtant souffrir là maintenant me fais du bien. Mais ma respiration est difficile, une boule m’enserre la gorge comme lors de mes crises d’angoisse. Je fais au mieux. Ce n’est pas la séquence du siècle mais au moins je me libère un peu la tête. J’enchaîne avec la danse et c’est vrai. Je ne pensais pas y arriver mais je retrouve, le temps de quelques instants, le sourire grâce à Shaun-T et cette salsa endiablée. A la fin, je m’effondre sur mon tapis et laisse couler à nouveau mes larmes. Mes yeux se perdent dans le bleu du ciel et pour la première fois depuis très longtemps, je me remets à prier.
Mon chéri, demain direction l’Auvergne.
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