10 février : Le sport pour oublier

Quand j’ouvre les yeux, la chambre est encore plongée dans le noir. Insomnie quand tu nous tiens. Cette nuit c’est comme ça, ma tête a décidé d’être remplie de pensées négatives. Je sens même une crise d’angoisse arriver. C’est énervant de se mettre dans des états pareils. Je rejette les couvertures et m’éclipse sans bruit de la chambre. La preuve que c’est encore une heure indécente, Looping n’a même pas daigné ouvrir les yeux. Je descends dans la cuisine prendre un anxiolytique avec un verre d’eau. C’est bête, ça faisait quelques jours que je n’en avais pris aucun. Mais bon, c’est comme ça. Avec le temps ça ira de mieux en mieux. Quand j’allume la lumière du salon, je suis accueillie par un regard mécontent. Kitty, dans son panier, me fait bien comprendre que je la dérange. Pardon princesse, mais j’ai autant le droit que toi d’être en bas. Néanmoins, et par respect bien entendu, j’éteins le plafonnier et appuie sur l’interrupteur du petit lampadaire. Kitty, contente de ce choix, remet sa tête sous sa couverture en poussant un soupir d’aise. De mon côté, je fais un peu pareil. Je m’installe sur le canapé et remonte mon plaid jusqu’au menton. Bien que le chauffage fasse son travail, rien que de savoir qu’il gèle dehors, je suis parcourue de frissons. J’allume la télé et me laisse bercer par son bourdonnement. Je sais aussi pourquoi je suis stressée. C’est bientôt la fin de mon arrêt et j’ai peur de reprendre le chemin du travail. J’ai rendez-vous dans deux jours chez le médecin. On verra bien ce qu’elle en dira. Et sans m’en rendre compte, que je sombre enfin dans un sommeil agité.

Je me réveille en vrac total. L’impression qu’une éternité est passée mais à priori non. Je me lève de mon cocon. Par la fenêtre de la cuisine, je constate qu’il fait encore très sombre et que le gel règne en maître sur le jardin. Uuuuuhhh. Pas de doute, je vais aller me recoucher, mais cette fois dans mon grand lit.

Vers 9H00 je refais surface. Ce n’est pas la grande forme. Je peine à me lever du lit. Pourtant il le faut, je ne vais pas rester couchée toute la journée. Looping partage également ce sentiment et vient donc faire ce qu’il fait de mieux : couiner à mes oreilles pour que je sorte enfin de ma léthargie ! Pour une fois, je ne lui dirais rien car c’est pour la bonne cause… Une fois le corps en position verticale, je file dans la salle de bain pour revêtir ma tenue de sport. Oui, une séance me fera le plus grand bien. Au moins ça va me sortir de ma torpeur et me vider un peu la tête.

La session commence avec l’objectif 10min par jour. Aujourd’hui c’est cardio total body. Bon… Déjà que j’étais pas bien motivée, à l’annonce de l’intitulé je meurs. Allez c’est pas grave, lance la vidéo et ne pense à rien. Comme on nous le répète souvent : on ne regrette jamais un entraînement.

J’aime beaucoup ce programme pour une reprise. Chaque jour, c’est « seulement » dix minutes d’efforts « proposés ». Mais dans ma tête c’est encore plus cool car je me dis qu’en retirant l’échauffement, finalement il ne reste que huit minutes de souffrance. On se motive comme on peut non? Le temps défile et je commence à avoir chaud. Planche, pompe, fente, pédalo, mouvement de hip hop… Quand on dit que c’est total body, c’est total body. L’exercice où je galère le plus c’est le tirage avec serviette. Il a l’air de rien comme ça mais, sa grand mémé… qu’est-ce qu’il me fait mal aux bras celui là. Et puis enfin, pour terminer en beauté cette première vidéo, des burpees avec fentes. The mourance.. Un jour, j’y arriverai. Ou pas. Mais pour le moment, changeons de séquence et place à l’étape 3 de la méthode body by lucile. et avec quoi au menu? encore des fentes bien entendu haha… Cela ne s’arrête jamais croyez moi… Pour autant, cette vidéo me plait bien. Moins cardio que la première. Plus technique. Ici, on est toujours en système pyramidal donc les exercices s’enchaînent assez rapidement même si ça chauffe bien. Les fessiers et bras en prennent pour leur grade. Bref, vingt minutes plus tard, je suis un phénix mais encore en état de cendres. Laissez moi juste un peu de temps, histoire que j’arrive à reconnecter le bas avec le haut du corps.

Finalement le moral va mieux. Je viens de sécréter des endorphines donc pas besoin d’anxiolytique. D’ailleurs je prends la boite et la glisse dans le tiroir de la commode de l’entrée. Comme ça, pas de tentation. Je file ensuite prendre une douche bien méritée.

Après cette pause revigorante, je m’octroie le droit de glandouiller dans le canapé. Oui je suis comme ça. Et puis je n’ai pas fini ma série du moment, c’est pas une bonne excuse ça? Ensuite je me ferai à manger, ce qui en soit, sera assez rapide. Ce midi, chérinou n’étant pas là, je vais en profiter pour me faire une salade sucrée salée. Dans l’assiette, un mélange de quinoa, pamplemousse, avocat et concombre. Le tout sera arrosé d’une sauce citron huile d’olive, ça va être une tuerie.

Dans l’après-midi, je recommence à me perdre dans mes pensées. Pas bon. Alors pour parer à cette épreuve, je décide d’enfourcher mon destrier d’acier et de partir à l’aventure des contrées Tourangelle. Oui, même si j’ai un peu mal aux jambes. J’ai décidé qu’aujourd’hui, le sport serait mon médicament. Se fatiguer pour ne pas penser. Et cela m’évitera par la même occasion de me plonger dans la nourriture et son cercle vicieux de culpabilité.

Une fois bien équipée pour me protéger du froid (je rappelle qu’il fait -2°C), je vais comme à mon habitude, un peu au hasard des routes qui se présentent à moi. Je longe ces immenses champs qui n’attendent que le retour du beau temps pour être labourés. En général j’essaie quand même d’éviter les grosses montées. Mais cette fois-là, j’ai mal calculé mon coup et je me retrouve au pied d’une route qui, pour moi, représente une montagne. Je n’en vois même pas le sommet. Je m’arrête et cogite. Cette côte je l’ai faite une seule fois, avec chérinou (qui d’ailleurs avait fini à pied). C’était à une autre époque. Je peux encore rebrousser chemin. Oui mais je n’ai pas envie. Je sors la bouteille d’eau de mon sac et bois un coup. Une fois rangée, c’est décidé, je me lance. A peine commencé que je regrette mon choix. J’en suis qu’au début et déjà j’ai passé toutes mes vitesses, je ne peux pas faire moins. Alors là, c’est le mental qui doit prendre sa place. Les sensations ? je suis essoufflée à mort, comme si je venais de faire un marathon. Le même effet que quand je faisais du fractionné et que c’était le dernier sprint à réaliser. le souffle court et les jambes en feu. Je maudis tout le monde. Je ne roule pas droit et j’ai l’impression de faire du sur place. Sa grand-mère en salopette, qu’est-ce qu’il m’a pris de vouloir faire ça. Malgré les températures négatives, j’ai chaud c’est atroce. Pourtant je ne m’arrête pas. Pédaler, ne pas mettre le pied à terre. J’ai le souvenir de chérinou qui m’encourageait pour ne pas lâcher. Alors je fais comme s’il était à nouveau là et je continue tant bien que mal mon ascension. Une éternité plus tard, j’arrive enfin au bout. Tout cela pour quoi? pour admirer l’autoroute en travaux. Ok on peut faire bien mieux. Surtout en campagne. Mais bon, réjouissons nous car de l’autre côté je vais avoir une super descente haha. Finalement cette montée c’est un peu mon épreuve du moment. J’ai cru que je n’arriverai jamais mais avec le mental et l’envie, j’ai tenu et réussi ce pari. Alors pourquoi dans ma tête je ne réussirais pas ?

En rentrant je suis vraiment épuisée. Pour le coup j’ai vraiment tout donné. Mais si j’analyse la situation, je vais bien mieux que ce matin. Ce soir, je laisse chérinou au commande dans la cuisine. Fais des pâtes Amour, cela ne me dérange absolument pas. Une chose est certaine, c’est que ce soir je n’aurai pas de mal à m’endormir. Comme quoi, le sport c’est quand même un bon médicament.

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